Michel Jonasz FIGAROScope.fr
Avec cet album, vous
revenez aux synthés ?
J’aime bien faire des choses différentes. Après Soul
Music Airlines et Pôle Ouest, où j’avais longuement travaillé les
synthés, les logiciels de musique, je suis allé dans le sens
opposé pour Où vont les rêves avec sept jours de studio,
trois musiciens en « live », sans ordinateur. Celui-là est
un mixe entre les deux mais la base, ce sont les musiciens, pas les machines.
Le Premier Reproche
ne donne guère envie
de convoler ?
Cette chanson, c’est une hypothèse. Je me suis demandé ce
qui fait qu’un jour quelque chose devient moins intens e entre deux
personnes qui s’aiment. Pourquoi la flamme diminue ? Est-ce que c’est
juste une question de temps qui passe, d’habitude. J’ai émis
l’hypothèse du premier reproche mais c’est symbolique.
Moi, je ne fais que des chansons d’amour. Même dans les plus
dures, ce qui m’importe, c’est la beauté de l’amour.
Vos titres font souvent
référence à la
danse, pourquoi ?
J’aime les mots qui désignent les danses. Vous prononcez cha
cha cha et le swing est déjà là ! Le mot qui désigne
une danse ou une forme de musique contient en lui-même la vibration.
Ecoutez le mot blues, ça sonne mieux que casserole !
On vous définit souvent comme quelqu’un de nostalgique, de
mélancolique. Ça vous agace ?
Il n’y a pas de fumée sans feu, mais ce qui m’intéresse
dans les chansons, ce n’est pas la tristesse ni la souffrance. C’est
dans les émotions exprimées qu’est la vérité.
La manière dont les gens reçoivent mes chansons ne m’appartient
pas. Ce qui m’anime, c’est l’émotio n.
Avec Les Artistes,
vous rendez hommage à votre
profe! ssion, aux saltimbanques...
C’est en effet un hommage à cette famille à laquelle
je suis fier d’appartenir : les clowns, les peintres, les jongleurs,
les chanteurs.
Toujours un pied dans
le cinéma ?
J’ai joué le rôle de Marc Chagall dans La Maison de Nina
de Richard Dembo pour le cinéma. Et pour la télévision,
celui de Bruno Coquatrix dans un téléfilm sur Dalida qui n’est
pas encore sorti. Ensuite, pour Le Triporteur de Belleville, j’étais
un émigré juif polonais avec la barbe et l’accent. Et
j’ai enchaîné avec un film de Christian Faure Un amour à faire
où je me suis glissé dans la peau d’un père de
famille un peu pétiniste ! Le cinéma vous donne une certaine
humilité par rapport au jugement que l’on peut porter sur certaines
personnes. Je vais également incarner le père de Gad Elmaleh
dans un film de Jacques Weber.
Comment avez-vous vécu
la rupture avec la maison de disques, Capitol-Emi ?
La chose importante à dire est que j’ai toujours été li
bre. Je suis producteur de mes disques depuis plus de vingt ans. Il se trouve
que maintenant, je les fabrique aussi ! Pour des raisons contractuelles qui
ne devaient pas être publiques. Ça m’a agacé. La
collaboration avec EMI s’est arrêtée et, du coup, j’ai
créé mon propre label. Je prends plus de risques financiers
mais ça me plaît. Cela dit, s’il n’y a plus de respect
pour l’artiste, le métier est foutu et c’est pire que
le téléchargement.
Par ANNIE GRANDJANIN, mercredi 13 avril 2005.
Au Casino de Paris :
Entretien avec Michel Jonasz